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LE FIGARO. - François Hollande a-t-il pris un virage «social- libéral»?
Hervé MORIN. - Il faut être bien naïf pour imaginer que François Hollande va se transformer dans les prochains mois en un Gerhard Schröder français ! Il n'est pas politiquement capable d'assumer un quelconque tournant social-libéral face à une extrême gauche aussi puissante et un PS encore très archaïque. Il a trouvé une formule pour tenter de retrouver un peu d'oxygène, mais le président et le gouvernement sont aujourd'hui réduits à l'impuissance. Voila pourquoi j'ai dit dès novembre que le meilleur service qu'ils pouvaient rendre à al France était de démissionner ! Le pouvoir n'a plus aucun crédit politique pour engager une quelconque transformation, alors que le monde change à la vitesse de la lumière.
Vous ne croyez donc pas au pacte de responsabilité» avec les entreprises ?
Le problème de l'économie française ne peut pas se résoudre par la seule baisse des charges sociales. Si nous n'avons rien d'autre à proposer, nous ne gagnerons jamais le pari du retour à la croissance. La question de notre compétitivité met en jeu toute notre politique en matière de recherche, d'innovation, d'éducation, d'investissement et d'épargne, et bien sûr notre fiscalité. Notre droit du travail trop rigide, notre système éducatif immobile sont des freins à la croissance aussi forts, sinon plus, que les charges. Le refus d'une vraie politique de l'offre, et le dogme stupide selon lequel il faudrait taxer de la même façon le capital et le travail, nous condamnent à rester durablement à la traîne de tous nos voisins.
Les centristes prétendent proposer une offre différente, mais l'Alternative UDI-MoDem peut-elle être crédible si elle ne parvient même pas à s'entendre pour les municipales?
Nous serons crédibles si nous développons nos idées - nous l'avons déjà fait en matière économique - et en adoptant, c'est vrai, une stratégie cohérente pour les municipales et les européennes. Le MoDem est désormais dans l'opposition. Pour les municipales, il peut y avoir quelques exceptions en raison d'alliances conclues par le passé ou de considérations liées à la gestion locale. Mais il doit y avoir une cohérence entre le national et le local. Il appartient à François Bayrou de débloquer la situation dans la trentaine de villes où les candidats MoDem sont dans des alliances concurrentes de nos listes. François Bayrou, comme d'ailleurs Jean-Louis Borloo, ont une obligation de résultat. Notre mariage ne peut pas tourner au vaudeville, car l'échec serait mortel.
Paris fait-elle toujours partie des problèmes?
Nous aurions pu espérer mieux. Chacun a voulu jouer sa carte, au détriment des candidats qui avaient fait preuve d'énergie et de ténacité sur le terrain. Je pense par exemple à notre candidat du Nouveau Centre Raoul Delamare, dans le XXe arrondissement, qui aux dernières municipales a recueilli 10 % des suffrages, devant l'UMP et le MoDem. Un parachuté du XVIIe arrondissement lui a été préféré pour des considérations qui n'ont rien à voir avec le talent. Ce n'est pas comme cela que l'on gagne.
Aux européennes, peut-il y avoir des alliances avec l'UMP dans certaines régions?
En aucune façon. Là aussi, il faut de la cohérence! Cela n'aurait aucun sens que nous soyons alliés à l'UMP dans certaines régions et que nous soyons concurrents dans d'autres. Personne ne peut l'envisager sérieusement à l'UDI ou au sein de l'Alternative. Nous ne portons pas le même message européen que nos amis de l'UMP. Nous sommes les seuls vrais Européens. Nous devons donc présenter des listes autonomes partout.